❝Au coeur du paradis commercialisé. F I N I {Pv : Taito N.)

❝ Une journée au centre commercial, ça donne quoi ?

Elle vadrouillait près des magasins bondés du centre commerciale. Sur sa droite, comme à sa gauche, les immenses allées centrales étaient bondées, animées par un défilé entre les publicités et de la musique. Une marche machinale, elle ignorait où ses pas l'emmenaient dans de cette fourmilière peuplée d'humains prêts à dévaliser les articles encore soldés. Mais vraiment, Akina semblait perdue. Pourquoi il y avait autant de monde... Qu'avait-il de si particulier aujourd'hui ? La saint-Valentin venait tout juste de passer, sans doute la fête la plus commercialisée pour ces ventes de chocolats et autres conneries de ce genre. Spectatrice de ce phénomène pourtant guère surprenant que les rues surpeuplées de Tokyo, la jeune fille avait presque envie de crier au bout milieu, un test pour voir si les gens réagiraient à son hurlement, feraient un effort de se retourner et la considérer comme une personne légèrement attardée. Ici, le risque était zéro, aucun ne pourrait prétendre de l'avoir déjà vu vers les horizons de Kyoto, elle sortait que rarement du pensionnat depuis son arrivée. Sa dernière sortie à l'extérieur remonte à un mois, lorsque les outils nécessaires d'une dessinatrice ont été meurtris, trop usagés, loin d'être véritablement utiles pour des commandes en attentes et rémunérées par avance. Un strict minimum de professionnalisme envers les internautes, une des principales contraintes avec l'envie et l'inspiration. Mais heureusement, c'est une passionnée qui a le but de jamais rien laisser en plan du jour au lendemain. Serait-ce une aide forte avantageuse ou un putain d'inconvénient ? *Tilt*, elle venait de se souvenir qu'il ne restait plus grand chose dans sa palette d'aquarelle et racheter un paquet de feutres à alcools serait nécessaire... Mais non, la jeune fille allait dépenser ses sous, acheter des biscuits semblait plus urgent. Pendant que son front appuyé contre la vitrine d'une boutique confiserie, telle une gamine émerveillée devant un présentoir de peluches, la lycéenne finit par se raisonner.

A K I N A : T'es pas assez grosse comme ça ? Tu veux vraiment devenir une grosse patate sucrée ou vivre ankylosée de diabète ? Tiens, pourquoi pas les deux... Beuuuw, ça craint.

Elle laissa échapper un maigre soupir. Un groupe composé d'étudiants plutôt mignons dévisageait Akina quelques secondes et proposait une invitation à les rejoindre. Néanmoins, la réponse se reposait sur un refus absolu et déclina poliment l'offre. L'amie vint à rependre son chemin, sauf que l'un d'entre eux bloqua volontairement son passage. Il choisit la carte de séduction bien ridicule tandis qu'elle rebroussa peu à peu de ces garçons, tout en rigolant de ce numéro raté. Eventuellement, les gars allaient le prendre mal, face à ce rire visiblement moqueur mais tant pis.

Les minutes défilent, elle s'enfonça en silence dans une petite allée tranquille. Maintenant, Akina allait errer ici car un moment de répit n'était jamais de refus. Elle s'assit volontiers sur une des banquettes libre. Tout juste assise et déjà sollicitée, son portable se mit à vibrer, sa main tâtonna les poches de la veste, afin de démasquer ce fripon. Nez à nez devant l'écran du portable, la jeune fille hésita de prendre cet appel inconnu, n'aimant guère les numéros non-répertorié dans la liste des contacts. Rajout oublié ? Un appel important ? Cette fois-ci, elle se donna la peine de décrocher le combiné.

❝ Shopping voudrait-il dire se faire choper ?

Akina ne souvenait plus comment elle était parvenue en dehors du centre commercial. La jeune fille se tourna de l'autre côté, vit des visages non-identifiables venant s'aventurer dans la ruelle sombre. Le groupe s'était arrêté juste sous ses prunelles. Il eut une seconde pendant laquelle la demoiselle, prit un long élan pour tenter de les devancer. Hélas, cette tentative échoua, un des gars eut le temps de saisir sa chevelure argentée et tira sans une once de délicatesse. La sonnerie de son portable retentisse une seconde fois, cela devait être son cousin qui aimerait sûrement la réprimander de lui avoir raccrochée au nez. Peu de personnes emprunteraient un chemin très étroit et plongé dans une pénombre conséquente. Elle ne parvenait pas à se débarrasser le type qui tenait sa main ferme, gardant ainsi le contrôle.

Accotée brutalement contre un mur, au milieu de la petite traversée, elle s'efforça de ne pas céder à la panique, elle avait affaire à plus fort qu'elle. La lycéenne leva son regard rubis vers le bougre, dont la carrure semblait être imposante contre la sienne. Murmures, gloussements... Leurs voix semblaient être familières, ou du moins entendus durant sa promenade au bout milieu de la cohue des magasins. C'était les étudiants de tout à l'heure. Un brin d'insécurité envahit l'atmosphère, le vacarme de la ville paraissait tellement faible dans ce présent inconfort, percer une issue de secours dans ce face-à-face avec des gars semblait être difficile. Se combattre contre trois hommes se relevait laborieux, mais devait-elle se contenter de rester une poupée docile ? Cependant, les lourdes intonations prononcée proche de son oreille, la voix de ce mec lui provoquait la chair de poule, un dégoût. Ce langage familier, limite vulgaire ne la rassurait guère, ils sont imprégnés d'une fierté mal placée, celui d'une personne narcissique, je-m’en-foutiste des choses qui se sont font ou non. Les mains d'abord immobiles du mec, glissèrent sur la poitrine et la malaxer fermement. La lycéenne sentit qu'elle était sur le point de pleurer, voulant tant bien que de mal à contrôler cette envie et cria alerte. Son cou picota, la pointe d'une lame, il prévenait qu'au prochain hurlement, il s'amuserait à décorer la peau et n’hésitera pas à se mettre en œuvre.

Soudainement, un bruit de pas les interrompit en pleine action, un inconnu venait de débarquer vers eux et au mauvais moment. Ne sachant pas ce qu'il pourrait lui arriver, cet homme s'approcha un peu plus de la source du problème en criant de foutre la paix. Elle n'avait nullement idée de ce qui se passerait s'il agit, peut-être qu'on le laisserait partir. Non impossible, cela serait complètement idiot de le négliger, sachant qu'il pourrait prévenir un agent des forces de l'ordre. Akina essayait de crier garde mais très vite, elle retrouva une main devant sa bouche afin d'empêcher de donner des conseils. Comment pourrait-elle le prévenir que ces types portaient des armes blanches dans les poches de leurs anoraks ? Elle ne parvenait même pas à se défaire contre plusieurs garçons. Il fallait qu'elle s'en débarrasse, qu'elle profite un répit, une ouverture plausible sans recourir à la violence et éviter les dégâts. Ses yeux s'habituèrent à la pénombre, la jeune fille distingua mieux les personnes présentes autour d'elle. Celui qui avait eu le culot de tripoter sa poitrine la bouscula en arrière, auprès des deux autres acolytes et s'avança vers le témoin de la scène.

G A R S : C'est vraiment dommage pour toi. Je t'avais proposé de nous rejoindre mais apparemment, le sort en a décidé autrement.

Tout en regardant la scène, Akina sentit une main baladeuse commença à masser à l'entre-cuisse, le premier geste de la lycéenne était de foutre un coup de talons au pied du tripoteur et l'éjecter ensuite. Elle profita pour faire pareil à l'autre mais il la retenait prisonnière lorsqu'elle essaya d'attraper le col le leader.

A K I N A : ARRÊTEEEZ !!!!

Crise de panique, la jeune finit par verser des larmes, ne savant pas quoi faire pour mettre un terme à cette affaire.

❝ le problème est résolu.

La peur et l'incertitude l'agressaient comme des torrents affrontant les roches. Elle se sentait futile, inutile de le cacher. Pouvait-elle se permettre d'abandonner quelqu'un qui prend les conséquences à sa place ? Par miracle, la porte réservée aux employés d'un bâtiment grinça, un signal sonore qui stoppa un peu la confrérie, puis un ustensile de cuisine heurta la tête du leader, rugissant de déguerpir sur le champ et lâcha des jurons. Sur ce, les gars quittaient rapidement les lieux, connaissant bien l'homme qui était intervenu, pour le plus grand bonheur de la jeune fille. Le cuisinier fit un signe aux victimes, le regard de ce dernier s'adoucit au bout de quelques secondes. L'esprit d'Akina demeurait connecté, déconnecté puis de nouveau connecté, elle eut conscience de cette sensation biscornue. Rapide, silencieuse, la lycéenne alla à la rencontre du jeune homme, tout en le examinant par avance. Elle réclama s'il aurait la gentillesse de prêter du désinfectant et de la glace.

A K I N A : Ne bouge pas, je vais te passer du produit sur ta plaie. Repose-toi.

Sur les demandes, une femme de service apporta carrément la trousse de secours et une bouteille. Akina inclina en signe de remerciement à la dame, qui devait avoir plus de quarante ans et dont les cheveux décolorés étaient attachés grâce à un chignon. Dès à sa possession, la lycéenne examina le contenu et vérifia les équipements. Au moment d'entamer les soins, elle fit allongé ce courageux, posant la tête sur ses genoux et souleva cette frange soyeuse. Avec une expression désolée, elle prit quelques secondes pour observer le visage avant de déposer la glace sur le front. Ses prunelles firent le tour des coins qui ont été éventuellement touchés, sur un mouchoir quelconque, la jeune fille le mouilla avec de l'eau, appliquant après de l’antiseptique.

A K I N A : Ça va mieux ?

Ensuite, ses mains plaqua une compresse au niveau de son torse, où l'éraflure provoqué par le couteau, et mit plusieurs tours de bandages pour soutenir.

❝ Retour vers la foule.

Bien qu'un peu émoussée, elle ne perdit pas ses réflexes, ses mains n'étaient pas tremblantes, son cœur ne battait plus aussi vite que tout à l'heure. On pourrait croire que son état psychologique n'avait pas été effleuré contre cette agression. Pourtant, en revoyant les images de la scène préoccupait une grande partie de ses pensées, elle avait peur que cela se reproduise plus tard, et que quelqu'un vient encore la secourir par sa faute. En toute honnêteté, la jeune fille devait avouer qu'elle était devenue en proie d'une sensibilité soudaine et avait oubliée à quel point elle pouvait se montrer vulnérable. Elle se souvenait du dernier rêve, des fragments d'images se défilaient, s'invitant les uns après les autres, mais qui, parmi les autres nombreux rêves, faisait plus figure de théâtre dramatique qu'un songe apaisant. Un rêve similaire aux faits précédents.

La lycéenne ne répondit pas tout de suite, scrutant le visage de son sauveur, en l'espace de quelques secondes et sourit à son tour. Elle ne connaissait de loin la signification des sourires tracés sur ces lèvres. Tout ce qu'elle pouvait entrevoir, c'était des sourire qui ferait fondre n'importe quelle fille, dont elle n'était pas insensible à ce charme.

A K I N A : Eh ? Ils ne m'ont rien fait mal ou pas eu le temps de m'en faire. Et ne sois pas désolé, sans son intervention, j'aurais été fichue...

Au moment où la dame de tout à l'heure l'accueillit devant la porte de rentrée, pour récupérer la boite de secours, le bel inconnu donna son identité. Avec le sourire, elle revint près de lui, en répondant simplement.

A K I N A : Tsukishiro Akina, appelle-moi simplement par mon prénom.

La demoiselle caressa une joue avant de glisser sa main sur le bras du prénommé Taito, pour laisser place à une bise et rit. Mais ensuite ? Qu'allait-il faire après ceci ? Cette rencontre aurait pu se terminer ici, poursuivre chacun leur route. Néanmoins, le laisser rentrer chez lui avec un vêtement déchiré n'aurait pas été sympa de la part d'Akina. Ayant l'air d'être calmée après ce qui venait de se passer, elle l'invita enfin à une proposition, acheter un nouvel habit. Histoire de faire connaissance, et rester encore aux alentours avant de se séparer, bien que ces deux jeunes gens ignorent la surprise. Pendant le trajet jusqu'à un magasin de vêtements pour hommes, elle pourrait téléphoner à son cousin qui venait de lui envoyer un message écrit, réclamant une explication de cette raccroche brusque et irritable, lui expliquant juste des détails. Mais elle ne le fit pas, elle répondit seulement que les lumières de sa lanterne seront bientôt satisfaites. Lors du emprunt des escalators pour grimper un étage supérieur, elle poursuivit la conversation, pour éviter un long silence gênant.

A K I N A : Tu vis dans les horizons ou tu viens juste faire une escapade, Taito ?

Une question plutôt banale mais idéale pour continuer les connaissances.

❝Boutique pour hommes, bonjour.

L'air satisfaite, sa main plongea dans la poche de sa robe en laine et desserra le téléphone contre elle. En haut des escalators, Taito eut le temps de lui répondre qu'il vivait non loin des alentours du centre commercial, il hébergerait apparemment dans un pensionnat, ne sachant plus exactement s'il avait une réputation. La réaction première de cette dernière était de penser au pensionnat Kikai. Après tout, proche des commerces, il n'y en avait pas cinq milles ici. Selon ses connaissances, Akina présumait qu'il devait sûrement parler de cet établissement soit disant regorgé de phénomènes inexplicables et paranormales, mais elle n'a jamais rencontré un seul évènement devant ses yeux. Arrivés à l'étage voulu, la lycéenne n'avait pas prononcé un mot depuis sa question, le jeune homme poursuivit de manière rapide avec un clin d’œil, avec un contraste entre un joueur /taquin et qui traduisait de la sympathie. Sans une once d'hésitation, il écrit quelque chose sur un papier avant de lui tendre avec le sourire aux lèvres. Elle le prit, effleurant involontairement ses doigts, elle put y sentir un contact chaud, contrairement à ses mains en permanence gelées, pour aucune raison. De nouveau, ses doigts emprisonnaient son portable, composa directement le numéro du jeune homme et le rangea ensuite. Sa bouche dessinant un sourire, elle se pencha très légèrement la tête et décida enfin de lui répondre.

A K I N A : Merci. J'allais te proposer la même chose. Voilà Taito, tu n'auras plus qu'a me rajouter dans la liste de tes contacts. Et pourquoi donc la question, dis-tu? Si je te laissais réfléchir pendant un petit instant. Oh, je te préviens maintenant que tu peux choisir une folie pour ton choix, même s'il coûte hors de prix.

La demoiselle n'en disait pas d'avantage, elle tira la langue à son sauveur, telle une gamine de quatre ans qui voulait embêter gentiment quelqu'un. Lorsqu'ils arrivaient devant un magasin pour hommes, elle le laissait parcourir dans tout le magasin, fouiller entre les cintres suspendus et le laisser essayer à la cabine d'essayage. Quand elle disait qu'il pouvait avoir n'importe lequel, elle plaisantait de loin. Les moyens financiers ne manquaient pas dans son compte en banque et heureusement, il a été débloqué guère longtemps, seulement avant-hier. Son paternel l'avait condamné plusieurs mois, trouvant que cette punition pourrait calmer sa fille mais en vain. Tout le contraire de ce qu'il espérait, ce qui faisait pas mal rire Akina. D'abord, avant de se faire envoyer à Kyoto, elle avait pu travailler discrètement dans un maid café avec une autre fille de sa précédente classe, pour recevoir des paies. Mais bref.

La jeune fille restait tranquillement devant les cabines d'essayages, l'endroit indiqué lorsqu'il aura définitivement pris un vêtement à sa convenance, en attendant de se diriger vers les caisses.

❝Enjoy pour un retour.

Victime des regards stupéfaits par certaines personnes, la jeune fille ne prêtait guère intérêt aux commentaires chuchotés à voix basses, des jugements sur l'apparence physique. Elle quêta les petites venues de Taito, pour réclamer ses avis sur le lot des hauts choisis et obtint chaque fois, quelques secondes de répits contre les autres clients. Elle faisait la moue, mordant la lèvre inférieur pour ne pas crier et défendre son style ma foi particulier. Sachant parfaitement que ce n'est pas commun de rencontrer une jeune fille aux allures d'albinos mais quand même, le respect envers autrui n'existe plus ? Au bout du compte, elle finit par marmonner une injure et soudain, elle vit le jeune homme sortir avec le dernier haut qu'il avait choisi. Légèrement, la lycéenne recula d'un pas pour mieux jeter un bref coup d’œil. Ensemble, ils se donnaient leurs points de vues sur les précédents habits et au bout de cinq minutes, ils passaient à la caisse. Lors du paiement, il vint à la questionner, en se demandant si elle venait également du même pensionnat, mais sur le coup, Akina ne pouvait pas lui répondre sur le champ, la caissière demandait le mode de paiement et sortit seulement par sortir des billets de son porte-feuille.

Ce n'est qu'à la fin de sa deuxième phrase que la jeune fille finit par placer sa réponse à la proposition, en voyant les joues embellies, de manière légère. L'entrevoir ainsi, elle lui trouvait un côté vraiment adorable avec ce sourire aux lèvres.

A K I N A : Ok, je n'avais rien prévu de toute façon.

En le laissant ranger le linge dans le sac donné par la boutique, il tendit une main, ne savant pas comment réagir face à ce geste, du à son manque relationnel durant les dernières années. Lentement, la lycéenne tendit aussi la sienne, emprisonnée en douceur dans la main chaleureuse de Taito. Au court du trajet, il se retourna vers elle, l'embrassa à la joue en signe de remerciement. Rouge aux pommettes, elle fit la moue, en mode : je-grimace-en-gonflant-mes bajoues.

A K I N A : Aaaah non. Ne commence pas à me remercier alors que je t'offre justement un haut pour m'avoir sauvée. On va jamais s'en sortir sinon...

Enfin, ils poursuivirent la route jusqu'à la destination désirée et que la jeune fille a complètement zappée de lui dire qu'elle était pensionnaire tout comme lui.